Vailland et le cinéma

Une vieille histoire

« Si j’étais jeune aujourd’hui, je n’écrirais pas, je ferais des films », disait Vailland au début des années 60 à son ami René Ballet. Entre Vailland et le cinéma, c’est une vieille histoire. Il s’intéresse très tôt au cinéma, alors muet, et dès ses débuts dans le journalisme il écrit de nombreuses critiques de films (notamment pour Paris-Midi, de 1928 à 1931). Il aime Le Chien Andalou de Buñuel – « un des plus beaux films que nous vîmes jamais » –, les œuvres d’Eisenstein, mais aussi Buster Keaton et Greta Garbo.

C’est son ami le cinéaste Louis Daquin qui l’introduira dans le monde du cinéma à la fin des années 40. De 1947 à 1965, il écrit une dizaine de scénarios, notamment pour Daquin, René Clément et Roger Vadim, et collabore à de nombreux projets, essentiellement des adaptations de romans. Vailland ne cache pas que ses motivations sont surtout financières et qu’il est souvent déçu par les films achevés. Il reste fidèle à un certain style de cinéma ‘traditionnel’ et ne travaille pas avec les réalisateurs de la Nouvelle Vague, bien qu’il apprécie Godard et son À bout de souffle. Il ne s’essaie pas non plus à la réalisation, peut-être faute de pouvoir tout maîtriser comme il souhaiterait le faire.

La Loi, film de 1958, réalisé par Jules Dassin, avec Gina Lollobrigida, Pierre Brasseur, Melina Mercouri, Marcello Mastroianni, Yves Montand © DR

Filmographie

Adaptations, scénarios, dialogues écrits par Roger Vailland :

1947 : Les Frères Bouquinquant, de Louis Daquin, d’après le roman de Jean Prévost.

1948 : Le Point du Jour, de Louis Daquin (en collaboration avec Vladimir Pozner).

1948 : La grande grève des mineurs, de Louis Daquin (court métrage).

1955 : Bel-Ami, de Louis Daquin, d’après le roman de Guy de Maupassant.

1959 : Les Liaisons Dangereuses, de Roger Vadim, d’après le roman de Choderlos de Laclos (Texte du scénario publié par Gallimard, 1960).

1960 : Et mourir de plaisir, de Roger Vadim, d’après le roman de Sheridan Le Fanu La Rose et le Sang.

1961 : La Novice, d’Alberto Lattuada, d’après le roman de Guido Piovene.

1961 : Les Mauvais Coups, de François Leterrier, d’après son propre roman.

1962 : Le Jour et l’Heure, de René Clément (en collaboration avec A. Barret).

1963 : Le Vice et la Vertu, de Roger Vadim.

1964 : 325 000 Francs, de Jean Prat, (téléfilm) d’après son propre roman.


Scénarios et synopsis : projets non réalisés de Roger Vailland :

Le fils de l’émigré (datation incertaine, après 1945), en collaboration avec William Gengenbach, texte dactylographié conservé à la Médiathèque E. & R. Vailland de Bourg–en–Bresse.

1949 : Le Roman du Prisonnier, d’après Hans Fallada (projet avec Pierre Chenal).

Vacances à la mer (datation incertaine, fin des années 40).

1951 : Le Parricide, texte publié dans Roger Vailland : N’aimer que ce qui n’a pas de prix (Éditions du Rocher, 1995).

El Desdichado (datation incertaine, début des années 50).

1952 : Le bonheur se gagne tous les jours, scénario sur la Commune, en collaboration avec Jorge Semprun.

1953 : La capitale s’appelle Varsovie, texte publié dans Roger Vailland : N’aimer que ce qui n’a pas de prix.

1954 : Quatre-vingt-treize, d’après le roman de Victor Hugo, adapté par Roger Vailland et Louis Daquin.

1960 : Charrette, texte dactylographié conservé à la Médiathèque E. & R. Vailland de Bourg–en–Bresse.

1962 : Chambre obscure, texte publié dans le numéro 7 des Cahiers Roger Vailland (juin 1997).


Romans de Roger Vailland adaptés au cinéma :

1958 : La Loi, de Jules Dassin.

1961 : Les Mauvais Coups, de François Leterrier.

1964 : 325 000 Francs, de Jean Prat (téléfilm).

1969 : Drôle de jeu, de Pierre Kast.

1972 : Beau Masque, de Bernard Paul.

1974 : Un Jeune Homme Seul, de Jean Mailland (téléfilm).

1982 : La Truite, de Joseph Losey.