Costa Coulentianos – Le dernier des acrobates, interview par Yves Neyrolles

Le dernier des acrobates

(Interview de Costa Coulentianos par Yves Neyrolles – Extrait Cahiers Vailland n°3)

Je n’ai pas connu Roger Vailland. Chez Elisabeth, j’ai plusieurs fois, par jeu, escaladé « le dernier des acrobates », la grande sculpture que Costa Coulentianos avait apportée lui-même et qui avait été installée dans le jardin, près de l’entrée. Mon jeu effrayait Elisabeth. A cette époque (fin des années soixante), j’allais souvent à Meillonnas, seul ou avec des amis poètes. Costa avait quitté le village pour s’installer à Chavannes, construisant lui-même son atelier. Quand il n’était pas à son travail de sculpture, il fabriquait des cerfs-volants pour les enfants des amis qui leur rendaient visite, à lui et à Marie-Thérèse. Ma fille en a bien profité.

Il a toujours aimé les enfants, jouer avec les enfants, Costa, le grand « enfant » du manège de chevaux de bois de la fête foraine de Meillonnas. Il a aussi beaucoup « diverti » l’autre « enfant » du manège (j’évoque ici l’une des nombreuses, de très belles photographies de Marc Garanger), l’enfant redevenu plein d’angoisse à la dernière saison de sa vie…

Aujourd’hui, depuis plus d’une quinzaine d’années, Costa est installé en Provence, sa petite Grèce. Une fois encore, il a construit son atelier. Celui-ci donne sur un parc de sculptures, soigneusement entretenu par Marie-Thérèse. Je leur rends visite au moins une fois l’an. Par amitié. J’en profite pour suivre photographiquement le travail créateur : sculptures, panneaux, papiers découpés, tapisserie de haute-lisse, etc…

Même si ses préoccupations actuelles ont bien changé, Costa n’oublie pas les quelques années qu’il a passées auprès de l’écrivain.

En février dernier, ensemble, nous avons évoqué cette époque, belle et terrible, au cours d’une conversation à bâtons rompus, mêlée de rires et d’émotion.

La mise en phrases, ci-dessous, de cet échange ne restitue malheureusement que très partiellement l’humeur – pour ne pas dire l’humour – qui se dégage de toute conversation avec ce Grec enjoué qui sculpte la langue française un peu comme il tord les fers à béton, son dernier matériau : il en jaillit des formes singulières.

Yves Neyrolles

Avril 1995

 

Le dernier des acrobates

Y.N. : Costa, quand as-tu rencontré Roger Vailland ?

C.C. : C’était l’époque où j’étais à la galerie de France. On m’a téléphoné pour me dire qu’un écrivain voulait me rencontrer parce qu’il s’intéressait à mes sculptures. Il est venu à mon atelier, boulevard St. Jacques, et il a décidé d’acheter une sculpture, une sculpture assez grande. On a mis la sculpture dans sa voiture et il est reparti pour Meillonnas. Au bout d’un certain temps, il a décidé d’acheter une deuxième sculpture et, pour celle-ci, on s’est mis d’accord que c’était moi qui devais l’amener. A cette époque, j’avais une 2CV. J’ai enlevé le siège de l’avant. C’était la grande sculpture, celle qui a été mise dans le jardin. Je l’avait appelée : « Le dernier des acrobates » (rire). Je l’ai installée dans la voiture et je suis allé à Meillonnas où j’ai été reçu d’une manière extraordinaire. Il y avait une petite maison dans le jardin, avec une chambre d’amis extrêmement confortable. C’est là que j’ai été logé.

Y.N. : C’était au début des années soixante ?

C.C. : Un peu avant.

Y.N. : Vailland venait de recevoir le prix Goncourt…

C.C. : C’était bien après le prix Goncourt.

Y.N. : Tu étais à la galerie de France. Quels étaient les autres artistes de cette galerie ?

C.C. : Il y avait tout le monde. Pignon, Prassinos, Singier, Magnelli, Soulages, d’autres encore. Il y avait les peintres les plus connus alors en France, au moins vingt-cinq artistes avec contrat. Tu imagines la somme qu’il fallait par mois pour payer tous ces gens ! Moi, j’étais payé 10, par exemple, mais Soulages était payé 30 ou 40 : il avait une cote très différente de la mienne… Bref, quand j’ai amené cette deuxième sculpture à Meillonnas, je suis resté quelques jours et on a commencé à se connaître un peu.

C’était l’époque où Vailland avait des problèmes de roman. Il traversait une crise. Le « choc » du prix Goncourt était passé. Il y avait eu le film pour lequel il n’était pas très content…

Y.N. : L’adaptation de La Loi par Jules Dassin ?

C.C. : Oui. Il était un peu déçu par ça… Comme il avait une autre maison à Meillonnas, il m’a proposé d’aller travailler là-bas. Mon atelier à Paris était tout petit et, à cette époque, je commençais à vouloir faire des sculptures monumentales. Et puis, ça tombait bien parce qu’avec la loi Malraux, c’était les débuts du 1 %… Je me suis donc installé quelques mois plus tard à Meillonnas. D’abord dans la pièce d’amis de leur maison. Puis, on a arrangé la grange de l’autre maison pour en faire un atelier. C’est Roger qui a tout payé pour les transformations. Là, j’avais beaucoup d’espace pour faire des sculptures de grande dimension. La première sculpture que j’ai faite se trouve tout près d’ici, à Salon de Provence, à l’entrée du lycée technique. J’avais fait des maquettes qu’on a amenées sur place pour avoir une idée de l’échelle à suivre pour la construction de la sculpture définitive – Roger m’a accompagné ainsi que Marc Garanger, qui a pris des photos grâce auxquelles j’ai pu avoir une idée précise du rapport de la sculpture avec le bâtiment. J’ai pu décider de sa hauteur : sept mètres…

Y.N. : Du monumental donc…

C.C. : Cette sculpture est toujours en place. Derrière elle, à une quinzaine de mètres environ, il y avait un mur aveugle. J’ai décidé de faire tourner la sculpture, très lentement, de façon presque invisible, de sorte qu’en repassant devant, on la découvre comme une oeuvre différente. J’avais calculé qu’il fallait à peu près cinq heures pour une rotation complète. Ce n’était pas un mobile. C’était un objet que bougeait sans qu’on puisse distinguer le mouvement, mais qui bougeait, qui changeait. Malheureusement ce projet n’a pas pu être réalisé. C’est une idée qu’il faudrait proposer de nouveau. Il suffit de mettre un moteur…

Il était vraiment « à plat »

J’ai passé mon premier hiver à Meillonnas, l’hiver le plus horrible de ma vie…

Y.N. : C’était l’époque où Vailland vivait cette crise de l’écriture : est-ce qu’il t’en parlait ?

C.C. : Il était vraiment « à plat ». C’était terrible. A cinq heures du soir, il faisait nuit. Il y avait du brouillard tout le temps. C’était pas gai du tout. Il fallait absolument que je trouve quelque chose pour améliorer cette ambiance. Alors je lui ai proposé de faire des gravures. J’ai fabriqué une presse avec un cric de 2CV…

Y.N. : Une presse parfaitement artisanale, objet récupéré du monde industriel : ça, c’est tout à fait Costa ! (rires).

C.C. : On est arrivé quand même à faire des gravures. Ça l’a beaucoup intéressé et ça lui prenait beaucoup de temps. Son angoisse a diminué, d’une certaine manière, parce qu’il était intéressé par une autre chose. Quand le printemps est arrivé, les choses sont allées mieux. Il y avait beaucoup de monde qui venait à la maison. Il s’occupait aussi de scénarios…

Y.N. : C’était l’époque où il s’intéressait au cinéma et où il a travaillé notamment avec Vadim. On a dit qu’il y avait de nombreuses fêtes à Meillonnas. Vailland recevait beaucoup de monde…

C.C. : Chaque fois que des amis passaient à Meillonnas, c’était pas la fête à la maison. C’était plutôt des dîners dans l’arrière-salle d’un café-restaurant du village, chez Caron ou chez Portier. C’est Elisabeth qui s’occupait de tout. C’était toujours très sympathique et parfois très réussi, avec beaucoup de monde, beaucoup de personnalités du cinéma, de la littérature, etc… Moi, à cette époque, j’habitais déjà l’autre maison, à côté de l’atelier. J’avais des commandes pour le 1 % et je préparais une exposition pour la galerie de France.

Y.N. : C’est à propos de cette exposition que Roger a écrit ce texte que l’on peut lire dans le catalogue et dans lequel il décrit ton travail…

C.C. : C’était une description, ce n’était pas une critique. Une description extrêmement minutieuse de la manière avec laquelle je travaillais. Chaque jour, il venait passer une heure à l’atelier et il voyait comme se fabriquaient les choses, comment avançaient les sculptures jour après jour.

Y.N. : Tu le sentais moins tendu, moins angoissé ?

C.C. : Il y avait toujours ce dilemme chez lui : je suis ou je ne suis pas communiste ? Je suis contre ou je ne suis pas contre ? Cette question revenait toujours au détour de la conversation la plus banale.

Y.N. : Indépendamment de l’appartenance ou de la non appartenance au Parti, au parti communiste, c’était peut-être aussi la question : est-ce que le choix que j’ai fait…

C.C. : Est-ce que c’était juste ou non ?

Y.N. : Ou plutôt : est-ce que ce choix est encore valide?

C.C. : Je me rappelle que Sartre lui a téléphoné à plusieurs reprises pour lui demander sa signature. Et Vailland l’a donnée. Mais il le regrettait. Il ne le regrettait pas complètement, mais il avait des doutes. Est-ce qu’il devait la donner, pas la donner ? Ces doutes, Vailland a vécu avec, pendant des années.

Une oeuvre d’art est d’abord destinée à être regardée

Y.N. : Est-ce que vous parliez de ses goût en matière artistique ?

C.C. : On n’avait pas de grandes discussions sur ces choses-là. C’est difficile à expliquer. Discuter de la qualité d’une oeuvre, comment on peut faire des analyses, il y a des gens qui en sont très capables. Analyser, bien ou mal, je ne sais pas, et beaucoup parler sur les choses, et très souvent, à mon avis, sans rien dire… Moi, je pensais, je pense toujours, qu’une oeuvre d’art est d’abord destinée à être regardée, pas à être un objet d’analyses. Avoir le plaisir de la voir. On peut nommer les émotions qu’on peut éprouver. De toute façon, on a des émotions en regardant un truc, mais il ne s’agit pas de faire de la littérature autour d’une oeuvre d’art. Sauf qu’aujourd’hui, c’est monnaie courante : sans littérature, pas d’oeuvre d’art, pas de peinture, rien. Il faut que l’oeuvre d’art soit toujours et absolument accompagnée de textes, de… je ne sais pas… de mots qui, à mon avis, ne sont pas du tout nécessaires.

Y.N. : C’est la raison pour laquelle tu avais apprécié le texte de Vailland ? Ce n’était pas de la littérature…

C.C. : En face d’une sculpture, il n’essayait pas d’analyser les raisons exactes pour lesquelles il l’aimait ou ne l’aimait pas. C’était la même chose avec les personnes. D’une femme, par exemple, il disait simplement : « C’est une belle femme » ou « ce n’est pas une belle femme ». C’était pas la peine de couper la beauté en morceaux… (rires).

Y.N. : Quand il est venu dans l’Ain, Roger Vailland avait fait un choix : il voulait quitter le monde intellectuel parisien. Il s’est fixé d’abord au-dessus d’Ambérieu en Bugey, aux Allymes, puis il est venu habiter à Meillonnas. Lorsque toi, tu es venu le rejoindre à Meillonnas, je suppose que tu n’avais pas les mêmes raisons.

C.C. : C’est bizarre, mais c’est peut-être la même chose. Quand il m’a offert cette occasion d’avoir un grand atelier, qui m’a permis de faire des choses plus importantes, je l’ai saisie immédiatement. Et peu à peu, j’ai abandonné la capitale, chose qui m’a fait très mal pour ma soi-disant carrière. J’ai abandonné toutes mes relations parisiennes. Je n’allais plus aux vernissages. Je n’étais pas présent, j’étais finalement oublié.

Y.N. : C’est un peu la loi d’airain, si j’ose dire, du monde artistique…

C.C. : Il y a des gens qui ne me connaissent plus, qui ne se souviennent même pas de moi etc., etc… Et comme je ne sais pas me débrouiller, « exploiter » mes connaissances ou mes amitiés… Je suis ami avec quelqu’un, parce que je suis ami, pas parce qu’il va m’apporter quelque chose. Ma situation n’était pas très bonne. Heureusement, il y avait les commandes qui m’étaient faites parce qu’elles allaient avec des projets d’architecture de Pierre Dosse. Et heureusement, il y avait toujours la Galerie de France où j’avais un salaire qui me permettait de vivre. Mais comme je n’étais pas souvent là, comme il y avait beaucoup d’artistes dans cette galerie-là, mes oeuvres ne se vendaient pas beaucoup, même très peu, parce que je n’avais plus cette relation avec le monde parisien. Il y a peut-être un rapprochement, involontaire, avec Vailland…

C’était déjà une fête

Y.N. : Tu parlais de l’amitié. L’amitié a été très forte entre toi et Roger.

C.C. : Je suis retourné plusieurs fois en Grèce. Quand on se revoyait, c’était déjà une fête, un grand plaisir de se retrouver. On a même fait un voyage en Grèce ensemble…

Y.N. : Et avec les Garanger ?

C.C. : Oui.

Y.N. : Ce serait intéressant de parler un peu de ce voyage. On évoquait tout à l’heure l’adaptation de La Loi et la querelle entre Roger et Jules Dassin. Elisabeth m’a raconté que cette histoire avait tourné à la guerre entre les « Italiens » et les « Grecs », Jules Dassin vantant sans cesse la supériorité de la Grèce et marquant à chaque occasion son mépris pour un peuple qui avait dû tout apprendre du sien (rires). Toi, tu as apporté une autre image de la Grèce.

C.C. : On a fait un voyage extraordinaire, avec deux voitures, deux 2CV. On a fait le tour du Péloponnèse. Je me rappelle qu’on s’est trouvé un soir à Patras. La nuit commençait à tomber. Il fallait trouver une taverne pour dîner. Vailland avait un flair extraordinaire. Il a trouvé une taverne magnifique. Moi, je ne connaissais pas du tout, naturellement. Lui, allait à gauche, à droite, et on est tombé dans un truc extraordinaire…

Y.N. : C’est lui qui te faisait découvrir ton pays ? (rires).

C.C. : Tout à fait. Il y avait à côté de nous, une table avec quatre hommes qui chantaient, buvaient un petit coup et chantaient de nouveau. En Grèce, il y avait à cette époque-là, l’habitude que s’il y a une compagnie que tu sens sympathique à une table à côté, ou plus loin, tu lui fais porter… un litre de vin, par exemple. Du vin résiné. J’ai indiqué cette coutume à Roger et on a offert un pot de vin à ces hommes. Il se sont mis à chanter pour nous. Il nous ont renvoyé un pot de vin et cela a été un dîner extrêmement réussi. Je me rappelle parfaitement le plaisir des autres à recevoir ce pot de vin de la part de gens qui parlaient une autre langue…

Y.N. : Mais tu pouvais servir d’interprète…

C.C. : Sauf que quand on a envoyé le vin, ils ne savaient pas que moi, je parlais le grec. C’est après que j’ai parlé grec avec eux… On a eu d’autres soirées comme celle-là.

Y.N. : J’ai le souvenir d’une photographie de Marc où il s’est amusé à mettre en relation le profil de Vailland avec la ligne de pente de la montagne qui domine Delphes. Vailland est appuyé sur une colonne brisée. Il y a une construction de la photographie que je trouve remarquable, avec aussi ce regard de Vailland, toujours très intense. On a beaucoup parlé du regard de Vailland.

C.C. : Une qualité de regard tout à fait exceptionnelle…

Le « virus inconnu »

Y.N. : … Est-ce que tu veux bien parler de la mort de Roger ?

C.C. : La mort de Vailland… Je vais commencer par une histoire. Il y avait plusieurs mois qu’on ne s’était pas vus. Quand je suis rentré, Vailland m’a fait un « discours » sur sa maladie : le « virus inconnu ».

Il ne savait pas qu’il avait un cancer. Elisabeth n’a pas voulu qu’on lui dise qu’il avait un cancer. Pendant plus d’une heure, il m’a « expliqué » l’histoire de sa maladie. Moi, je savais de quoi il s’agissait.

Après, il a commencé à suivre certains traitements. Ses cheveux tombaient. Au lieu de voir les cheveux tomber peu à peu, on s’est décidé à les couper complètement, à lui raser la tête, pour qu’il ne voie pas la dégradation. Tout le monde lui disait qu’il était beaucoup mieux comme ça. Mais, peu à peu, il commençait à se dégrader. Je me rappelle que la nuit de sa mort, on était tous autour de lui. Il parlait bien. Claude Roy était là aussi. A deux ou trois heures du matin, ils m’ont téléphoné pour m’apprendre que Roger était mort. Je suis venu tout de suite.

Je ne sais pas si sa mort n’a pas été un peu provoquée. Si oui, tant mieux. Il n’y avait pas d’autre issue, il ne pouvait plus vivre comme ça. Il ne pouvait pas être debout et ne pas… Je me rappelle que quelques jours avant (il avait recommencé à prendre des drogues à cause des douleurs), j’étais allé chercher de l’opium, chez un de ses amis, à Genève. Un aller-retour que j’avais fait à une vitesse extraordinaire ! Lui, il m’attendait avec une impatience terrible. La dose qui m’avait été donnée devait durer au moins quinze jours. Cela n’a duré que deux ou trois jours. Comme il avait été drogué avant, l’accoutumance est revenue très vite et les doses médicales n’étaient jamais suffisantes pour le calmer. Il était toujours dans les nuages, comme endormi. Ca m’a beaucoup impressionné… cette attente. Il m’attendait comme un petit garçon attend son cadeau de Noël… Et finalement, le dernier jour, il était quand même parfaitement lucide, le soir, et ensuite… ça n’a pas tenu, quoi, c’est tout… Et voilà…

Y.N. : Est-ce que tu as le sentiment d’avoir entraîné Vailland à faire des découvertes artistiques ?

C.C. : Je ne sais pas. Je ne le crois pas.

Y.N. : Des artistes ?

C.C. : Non. D’abord, quand il allait à Paris, je n’étais jamais avec lui. On n’est jamais allé dans une galerie ensemble. Lui, il était très copain avec Madame Prévost de la Galerie de France. Et elle, elle était beaucoup mieux placée pour lui montrer ce qui se faisait. Il avait un certain goût pour certains artistes. Il a acheté des oeuvres d’autres sculpteurs, d’autres peintres, etc. Mais pas énormément. Il n’était pas collectionneur. Ce qu’il voulait, c’était avoir quelques beaux objets dans sa maison. En fait, ce qui le hantait, c’était son écriture. Je me rappelle que quand il travaillait, il sortait de son bureau à peu près vers 7 heures et il disait, par exemple : « Douze pages ! » Ensuite, il buvait le whisky (rires). Chaque jour c’était comme ça.